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Intérêt patrimonial
Le négoce du café est une pratique culturelle significative du patrimoine immatériel haïtien qui témoigne de l’essor économique extraordinaire qu’a connu Jacmel de 1848 à 1930. La rue du Commerce, située près du port et comprise entre les rues Pardo et Bellecombe, tire son nom de cette époque. C’est là qu'est situé l'hôtel Florita, un marqueur spatial et temporel de cette pratique.
Le négoce du café est un patrimoine mémoriel et commercial, ancré dans les maisons caféières, souvent préfabriquées et importées d’Europe. Bien qu'il ne soit plus en usage sur la rue du Commerce depuis le début du XXe siècle, sa mémoire mérite d’être conservée. L’hôtel Florita peut servir de modèle pour la restauration d’autres maisons caféières de ce genre.
Actuellement, la mémoire de cette pratique n’est perpétuée que par l’entremise de documents d’archives et la structure encore existante de quelques maisons; celle des résidents est fragile. La transformation de la maison de la famille Vital en hôtel Florita à la fin 1999 a mobilisé la population pour animer et maintenir en vie le souvenir de cette pratique.
Historique
Au début du XXe siècle le négoce du café était une activité d’envergure de la ville. Près de 20% de l’exportation nationale du café passait par Jacmel et la rue du Commerce en était la plaque tournante. Possédant au cours de cette période le seul port ouvert sur l’extérieur, Jacmel engrangeait une grande partie des capitaux des investisseurs internationaux et accueillait les flottes de navires commerciaux et de bateaux à vapeur de la Malle Royale anglaise. La centralisation du pays au cours de l’occupation américaine dès 1915, avec Port-au-Prince comme principal port tourné vers le commerce extérieur et avec le déclin de la demande internationale pour le café en 1930 sonnent le glas pour le négoce du café à la rue du Commerce. Avec la migration des grandes familles commerciales vers Port-au-Prince, l’Europe ou l’Amérique du Nord, les luxueuses maisons de négoce sont abandonnées.
Jean Ruid Sénatus, gestionnaire et copropriétaire de l’hôtel Florita, habite les lieux depuis l’âge de onze ans. Michaële Craan, ancienne maire adjointe et ancienne directrice du Bureau du Tourisme de Jacmel est actuellement consultante à ce dit bureau. Les jacméliens la surnomment « Madame Jacmel ». Elle préfèrerait « Manmie Jacmel ».
Documentation
Site web de l'hôtel Florita: http://www.hotelflorita.com/
Bulletin no 21, 1er Février 2011, Institut de sauvegarde du patrimoine national (ISPAN) http://www.iccrom.org/fra/news_fr/2011_fr/field_fr/05_31_bulletinISPAN23-HTI_fr.pdf
Gilles, Jean Elie. «Le bas de la ville dans l’économie du passé et de l’avenir de Jacmel, du 18e au 21e siècle : quartiers d’avenir», site d'information Bonzouti, 16 septembre 2009. http://www.bonzouti.com/actualite/actualite-No800-Le-bas-de-la-ville-dans-l-economie-du-passe-et-de-l-avenir-de-Jacmel-du-18e-au-21-e-siecle-Quartiers-d-avenir-.html
Guide Gallimard Haïti, Paris, Editions Gallimard et Port-au-Prince, Secrétairerie d’État au tourisme d’Haïti, 2001, p. 138-139.
Apprentissage et transmission
Jean Ruid Sénatus et Michaële Craan sont originaires de Jacmel. Ainsi, ils sont en contact avec la mémoire de la ville. Jean Ruid Sénatus a habité la maison Vital depuis l’âge de onze ans et Michaële Craan est née dans la maison tangente à l’hôtel. Son arrière-grand-père, Melcou Poux, possédait la maison Boucard située au bas de la rue et a financé la reconstruction des maisons de la rue après le grand incendie de 1896.
Description de la pratique culturelle
L’exportation du café nécessitait une proximité avec le port de Jacmel et de grandes maisons-entrepôt qui disposaient de l’outillage de pesée. Le café provenait des communes montagneuses du département du Sud-Est et arrivait dans les hangars des maisons de la rue du Commerce. Là, il était nettoyé, pesé sur des balances en fer et entreposé en attendant le prochain bateau.
La maison Vital, devenue hôtel Florita, se carre au numéro 29 de la rue du Commerce. Composée originellement de deux étages de sept chambres, elle repose sur un rez-de-chaussée qui abritait les bureaux commerciaux, avec un hangar attenant. Une verdoyante cour intérieure complète l’architecture de la maison incluant des dépendances pour le personnel de soutien et un espace pour les chevaux. Construite en bois, fer et fonte, les planchers sont recouverts d’un parquet en acajou haïtien. Le mobilier actuel est d'origine. Quatre balcons ceinturent les deux étages supérieurs sur toute la longueur avant et arrière. Selon M. Senatus, à sa construction, elle arborait la couleur verte caractéristique des Vital (elle est désormais blanche et bleue). Dans la cour intérieure sont installées deux balances d’époque, caractéristiques de celles qui étaient à l’entrée des bureaux commerciaux.