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Intérêt patrimonial
Le kosobo ou kochobo est une pratique alimentaire implantée de longue date dans la Commune de Saint-Marc. Selon l’informateur Saul Castor, la pratique était observée dans la 4e Section de Lalouère à une fréquence quasi quotidienne dans les années 1970. A partir des années 1980, le kosobo devient une recette très prisée dans les rituels vodou. L’association aux pratiques religieuses vodou pousse les chrétiens de la zone à ne plus consommer le kosobo. Selon l’informateur, cette pratique alimentaire est actuellement menacée, voire sur le point de disparaitre dans la communauté. Toutefois, il reste un élément identitaire des habitants de la localité de Lagarenne. Sa préparation se fait encore timidement dans un contexte familial. Les jeunes d’aujourd’hui le consomment de moins en moins.
Historique
La commune de Saint-Marc est reconnue pour la qualité de son maïs qui fait l’admiration de la quasi-totalité des Haïtiens. La consommation du maïs est une pratique culinaire qui remonte à la période coloniale. Les colons l’ont utilisé pour nourrir les esclaves dans les plantations de canne à sucre et de café. On l’appelle aussi tchentchen en Haïti. C’est une céréale très énergétique. Le maïs moulu est un véritable plat traditionnel.
Le kosobo fut le principal aliment caractéristique de la fête dans les années 1970 dans la localité de Lagarenne. A l’époque le kossobo était consommé par toutes les couches de la population. Sa consommation fournit une santé robuste. Aujourd’hui certains habitants éprouvent moins de fierté à consommer cet aliment en raison de son utilisation par les prêtes vodou lors des rituels.
Apprentissage et transmission
La transmission de la pratique du Kosobo se fait dans un contexte familial, selon la disponibilité des membres de la famille. Elle est généralement faite de la mère aux enfants, du père aux enfants. Une tante, un oncle ou un autre proche de la famille peut aussi l’assurer.
Il est à noter que cette pratique traditionnelle est très menacée dans la zone de Lalouère. Mais, les enfants des prêtes vodou la pratiquent régulièrement. Suivant l’informateur, il est temps de recommencer à servir aux gens des plats de Kossobo, comme par le passé, afin de permettre sa réappropriation par les habitants de Lagarenne. Il faut éviter aussi de l’associer seulement aux pratiques religieuses vodou pour favoriser sa mise en valeur.
Description de la pratique culturelle
Le kosobo ou kochobo est une recette fait principalement d’un mélange de maïs et de haricot cultivé à Saint-Marc. Sa préparation nécessite un long processus allant du traitement des ingrédients à la cuisson définitive. Tout d’abord, le maïs et le haricot doivent être bien séchés. Ensuite, on fait tremper le maïs dans un récipient rempli d’eau durant trois heures de temps avant sa cuisson. Après avoir bouilli, le maïs se gonfle. C’est alors qu’on additionne le haricot. Quand le maïs commence à éclater, on ajoute du jus de coco, de la viande de porc salé ou de la viande de bœuf ou encore de la viande de cabri. D’autres condiments sont peuvent être additionnés tel que la sauce maison faite avec de l’ail, du persil et du bouillon de viande pour relever le goût. Une fois cuits, on fait frire le maïs et le haricot. Maintenant, le kosobo est prêt à être consommé. Il peut être servi de deux façons : avec ou sans la sauce. La majorité des gens de Lagarenne le préfère avec de la sauce ajoutée. Le kosobo est réputé pour ses valeurs consistantes et nutritives. Il est consommé généralement dans les premières heures de la journée pour permettre la digestion. Selon l’informateur, une assiette de kosobo peut fournir à un individu assez de l’énergie pour toute une journée.